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amours filiales - Page 4

  • dimanche dernier

    "C'est dimanche aujourd'hui. L'air est couleur du miel..."
    murmure un mien ami élégamment fidèle
    au coude un parapluie
    et quelque nostalgie feutrée sous la semelle

    Il est des amitiés que ne peuvent défaire
    la mort ni le mystère, et traversent la vie
    Un siècle s'est enfui sans nous perdre jamais
    - cette longévité, c'est mieux qu'un paradis;
    nos pas sur la chaussée de la ville engourdie
    s'y font la même fête
    ont le même couplet en tête

    Hier a son gilet boutonné à la diable
    et moque un aujourd'hui à l'aube éparpillée
    (à tout le moins, peu faite pour aller au temple);
    devant nous deux amants se soutiennent et tremblent
    les attend une couche où mieux se réchauffer
    dans l'une de ces tours dressées
    orgueil et vanité sous le ciel admirable

    Mais voici Boucicaut, je pose une question
    (puisque je dois bientôt tourner à Convention) :
    “ As-tu quelques nouvelles de ton éléphant
    celui qui a surgi naguère en plein Paris ? ”
    Désolé de répondre par la négative
    “ On l'a mis dans un livre ; il n'en est plus sorti ”
    soupire mon ami en se frottant les gants

    Nous nous saluons vite (il fait bien froid quand même !)
    mais notre prompt salut vaut pour d'autres "je t'aime"...
    Puis, sans te réveiller, je vais à mon pupitre
    griffonner quelques mots comme on finit son litre :

    Il en a trente-trois,
    j'en eus quarante-quatre...

    Jeunesse, vieillesse,
    et puis le droit d'aînesse,
    quelles absurdités !

    De bronze, de plâtre
    le temps reste mal fait
    pour nos fraternités

    Chaque mot d'amitié
    - mieux que geste d'amour ?
    une bûche dans l'âtre

    au feu qui tient toujours
    vivace
    pour vraie
    la parole donnée

    magr_golconde1.jpg
    impromptu littéraire - tiki #67
    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
  • amours filiales

    ceci n'est pas une super vielle

    Tu sauras bien trouver le filin qui me cueille
    et de l'âme et du rêve ; si tu franchis le seuil
    sans trop me retourner, tu pourras percevoir
    d'où vient que plus jamais je n'aime les miroirs

    J'ai la semelle prise au talon, à la pointe
    par tout le sang versé, toute l'à peine feinte
    longeant de l'océan l'écrin bordant la plaine
    nu-pieds je vais, lacées mes chaussures vers l'aine

    J'ai le point mal armé qui ne veut pas finir
    et son bel aujourd'hui qui ne saurait mentir
    ni prétendre au festin où campent les anciens
    qui sont des belles lettres, mais tristes à être

    Aussi précieux qu'ils soient, ma porte n'est pas close
    et ce manteau supportera leurs bras de roses
    mon joli Papagei veillera que l'on laisse
    en paix ce lot qui baille ; "ok, Nevertheless ?"

    J'ai la paronomase au bord de l'asyndète
    et des allégorythmes plein les épithètes
    afin que de l'emphase au coma elliptique
    on fasse table rase et foin d'académique

    J'ai le pied dans la forgue et ça brûle au jabot
    ça jure un nom de dieu ! sans être plus falot
    que naguère Sa Main, une tulipe aux doigts
    me disant : allez, tiens, attrape, verse et bois !

    Alors mon bel oiseau dont j'emmanche les ailes
    aussi le bel canto à la superbe vielle
    je te prénomme Jules et te signe à nouveau
    tandis que du lointain claironne le coq, tôt.

    tiniak © 2009 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    illustration : Guy THIANT.